Extraits libres d'un chapitre consacré au mariage dans le livre d'Arnaud Desjardins :
« Pour une vie réussie, un amour réussi ».
(chapitre rédigé sur base de l'enseignement qu'il a reçu de Swâmi Prajnanpad)
Le mariage est une union sacrée et pourtant, en Occident actuellement,
on se marie, on se sépare, on change de partenaire, on divorce avec beaucoup
de désinvolture et ceux qui restent ensemble ne sont pas pour autant heureux.
L'explication tient sans doute dans le fait que nous confondons
la fascination amoureuse, la passion qui illumine un instant l'existence
mais qui ne résiste pas aux années,
avec l' Amour.
Il y a cinq critères qui permettent de savoir
si deux êtres sont « faits l'un pour l'autre »
et si leur union les conduira au bonheur, à l'amour éternel
et non à la souffrance, aux brouilles, aux réconciliations, à ces amours agitées,
meurtries, douloureuses qui durent parce qu'on n'a pas le courage des les rompre
et qui n'apportent rien de ce à quoi aspire celui qui est engagé
sur le Chemin de la Sagesse, la paix, la sérénité, la stabilité intérieures,
la possibilité de s'épanouir et de communier véritablement.
Cette communion, qui est la culmination de l'amour ou du couple s'établit
au cours des années et conduit à un accomplissement qui n'est pas banal :
« une seule âme et une seule chair ».
La fascination amoureuse ne conduit jamais à cette véritable communion ;
elle engendre une illusion de non-dualité qui maintient la séparation.
Dans la mesure où cette non-dualité, cette véritable communion - un avec -
peut s'établir entre l'homme et la femme,
le mariage a été considéré comme une voie spirituelle,
autant que la voie monastique.
Une relation de couple durable est un chemin qui conduit à la purification
des émotions et à un effacement de l'ego.
C'est une voie vers la destruction du mental, manonasha,
et la purification du psychisme, chitta shuddhi.
Quels sont ces cinq critères ?
- Le sentiment d'être deux compagnons
Il y a quelqu'un à mes côtés qui me comprend, que je comprends,
avec qui j'aime échanger, avec qui j'aime partager, avec qui j'aime agir.
Je ne me sens jamais seul.
Cela suppose un langage commun, une profonde complicité et l'envie de croître,
grandir, s'épanouir ensemble, progresser ensemble sur la voie de la maturité,
de la plénitude, sans les émotions mesquines et infantiles de l'ego
qui viennent corrompre, amenuiser, rapetisser l'existence.
Notre conjoint doit être notre meilleur ami.
L'épouse doit pouvoir jouer pour l'homme tous les rôles qu'une femme peut jouer
pour un homme ; et le mari doit pouvoir jouer pour sa femme tous les rôles
qu'un homme peut jouer pour une femme.
Alors, l'homme - ou la femme - se sent comblé et n'éprouve pas la nostalgie
de trouver ailleurs ce qui ne lui manque plus.
- L'aisance
C'est le fait que les choses soient faciles, aisées.
On se sent parfaitement bien ensemble, on ne souffre pas
mais on ne tombe pas pour autant dans la monotonie et la routine.
Pas de drames, pas de tragédie, pas de malentendus : tout se déroule facilement.
Dès qu'on est ensemble, tout se dénoue, tout s'arrange, tout se passe bien.
- Deux natures qui ne soient pas trop différentes
L'autre est un autre ; il y aura toujours une différence mais si les natures de chacun
sont trop différentes, aucune vie commune ne sera possible
et l'amour sera battu en brèche par la réalité.
La fascination amoureuse ignore superbement l'incompatibilité de deux natures.
On croit de bonne foi s'aimer mais il n'y a pas de possibilité d'une véritable entente.
La complémentarité de l'homme et de la femme repose sur la différence
mais elle repose aussi sur la possibilité
d'association, d'imbrication, de complicité.
- Une confiance, une foi complètes en l'autre
Tant qu'il y a peur, il n'y a pas confiance et donc, aucun amour durable,
susceptible de croître, de s'épanouir n'est possible.
Nous avons tous, consciemment ou inconsciemment, des blessures de trahison
qu'il nous faut dépasser car le mariage ne peut pas être une voie spirituelle
vers la sagesse si cette confiance et cette foi n'existent pas.
La jalousie est le poison de l'amour.
Il faut que les partenaires ne soient plus totalement infantiles, aient une certaine
compréhension de leurs propres mécanismes et décident d'être plus adultes.
- Une forte impulsion spontanée à rendre l'autre heureux
C'est moins simple que cela en a l'air et exige aussi une approche adulte du couple.
Trouver son bonheur dans le bonheur de l'autre,
c'est apprendre à donner à l'autre ce qui lui est nécessaire,
ce qu'il attend pour être heureux.
Si vous donnez mais que l'autre n'a pas reçu, c'est comme si vous n'aviez pas donné.
Donner, ce n'est pas donner ce que nous avons envie de donner au partenaire
tel que nous voulons qu'il soit mais au partenaire tel qu'il est et tel que
nous avons à apprendre à le voir, à le comprendre, à le ressentir.
Cette envie de rendre l'autre heureux ne se fabrique pas artificiellement,
elle est là ou elle n'est pas là.
Un être a besoin de respirer à chaque minute
et il a besoin de respirer l'amour tous les jours.
Si ces cinq critères sont réunis, tous les autres en découlent,
y compris l'entente sexuelle.
Il existe deux types d'attraction sexuelle :
- l'attraction sexuelle immédiate, de surface, fondée sur les attributs érotiques
purement physiques et qui ne conduira jamais qu'à une sexualité limitée.
- une autre attraction qui ne cessera de grandir et qui peut conduire à des sommets
de vie érotique, qui est basée justement sur la satisfaction
des cinq critères cités ci-dessus.
Cette attirance vient de la profondeur de l'être et non plus seulement
de la fascination de surface.
Elle conduira aisément à la fidélité.
Sauf rares exceptions, un couple durable ne peut unir
que deux être humains suffisamment adultes.
Car pour « faire », dans quelque domaine que ce soit, il faut « être ».
Une des grandes illusions de l'être humain est de tenter de changer
sa manière de faire sans changer son être.
Pour changer son être, il faut d'abord comprendre et se comprendre.
"Vous ne changerez pas ce que vous n'avez pas vu, ce que vous ne connaissez pas
et que vous n'avez pas compris."
Autrement dit, un commencement de maturité sur la Voie,
un commencement de sagesse, un peu moins d'infantilisme,
un peu moins de vulnérabilité émotionnelle sont nécessaires
pour réussir une vie à deux.
Celui qui veut rencontrer l'amour, le vrai, celui qui dure, doit comprendre que
la première démarche c'est de changer suffisamment
pour être digne de cette rencontre.
Il faut se préparer, se libérer des comportements mécaniques,
si on ne veut pas aller d'échec en échec.
La relation de couple, vue sous cet angle est donc un « Chemin »
qui mène à la plénitude, à l'Amour et qui permet non seulement
de « croître ensemble »
mais aussi de croître ensemble dans la relation avec les autres.
C'est donc une Voie spirituelle équivalente à la Voie monastique...
A méditer !!!
Cet article n'est qu'un bref résumé d'un chapitre de 35 pages.
Chaque chapitre mériterait un article tant tout ce qui est dit est intéressant.
Je ne peux que vous conseiller vivement la lecture de ce livre.
J'ai choisi le chapitre qui parle du mariage car,
de par mes formations en développement personnel, je suis amenée à fréquenter
de nombreuses personnes qui sont divorcées ou malheureuses en couple,
et que d'autre part, lorsque j'ai quitté mon mari, une petite voix me disait au fond de moi
qu'il devait exister une autre façon d'aimer.
Mes recherches m'ont amenée assez rapidement à la conclusion qu'en donnant une
dimension spirituelle au couple, on pouvait vivre une relation beaucoup
plus épanouissante où chacun des partenaires
(à condition que chacun ait "changé" et retrouvé son unité)
pouvait s'élever (et non tomber) dans la relation
et qu'alors la relation conduisait à la croissance mutuelle et la création.
Ce livre m'a apporté la certitude que ce que je souhaitais,
espérais vivre était possible et que mon rêve pouvait devenir réalité
mais en plus que
c'est la Voie du Bonheur.
« Amour est synonyme de Brahman, amour est synonyme d'Atman,
amour est synonyme d'Eveil, amour est synonyme de Sagesse,
amour est synonyme de Libération ».
"Ils ne seront plus qu'une seule âme et une seule chair"
"Et maintenant je ne sais plus si elle est une femme
et si je suis un homme ou
si je suis une femme et si elle est un homme.
De cela seulement je me souviens :
il y avait deux âmes, l'amour vint, il n'y en eut plus qu'une."
(Parole indienne)
Aurore